Endurance : Margot Thomas, « Je pense qu'elle avait autant envie de gagner que moi »
12/17/2024 10:09 AM
Ce samedi 14 décembre, c'est un sprint qui aura départagé les deux premières places du CEI3* lors de l'endurance de Sines au Portugal. Dans cette dernière ligne droite, la Française Margot Thomas, associée à Galipettes J'M AA, a remporté la première 160 km de sa carrière. Elle devance l'Espagnole Maria Alvarez Ponton. Le Français Julien Lafaure complète le podium avec Feria Cabirat.
Présentez-nous Galipettes J'M AA, la jument qui vous a permis de remporter samedi la CEI3* de Sines au Portugal ?
Ma sœur et moi faisons de l'endurance à haut niveau depuis longtemps maintenant, j'ai fait ma première compétition internationale à 14 ans. J'en ai 27 aujourd'hui. Nous avons toutes les deux été en équipe de France avec Kalon Milin Avel, à la retraite depuis deux ans. On essaye maintenant de préparer le futur pour espérer retrouver le chemin de l'équipe de France. Nous avons acheté Galipettes J'M AA il y a deux ans, elle avait 6 ans. Quand on l'a récupérée elle était tout juste qualifiée sur 100 km. Depuis, on la qualifie doucement. Elle aime beaucoup ça donc on essaye de la garder dans le calme. Elle peut aussi être très stressée.
Donc on a pris notre temps sur des courses soit avec peu de partants, soit en la gardant derrière pour éviter de lui mettre une pression supplémentaire. On a fait toutes les étapes de qualification jusqu'à 160 km sans jamais aller devant, sans faire de la vitesse. Nos chevaux sont à l'entraînement chez Pierre Auffret et Louna Schuiten en Bretagne. De notre côté, on vit et travaille et Paris. Ce sont donc eux qui gèrent le plan d'entraînement des chevaux. On avait décidé de faire courir Galipettes sur 160 km en fin d'année.
« Elle a vraiment répondu présent »
Comment s'est déroulée la course ?
Depuis la Bretagne, il a fallu trois jours de transport pour arriver jusqu'au Portugal. Elle a été vraiment parfaite pendant toute la préparation. Puis elle a été parfaite pendant le voyage. Elle est arrivée sur place environ cinq jours avant le départ de la course ce qui lui a permis de s'acclimater à l'endroit. Le jour J, elle a vraiment répondu présent. Elle avait un très bon cœur, et a réussi à conserver son énergie. Ce qui lui a permis d'avoir encore beaucoup de ressources sur le départ de la dernière boucle. Sur l'avant-dernière boucle, on arrive à onze en même temps, ce qui fait beaucoup sur une dernière boucle d'une 160 km. Elle récupère très bien et nous sommes cinq à repartir dans la minute.
J'ai mis du train dès le début, je suis passée devant et elle a fait son tour facilement. Vers la fin, il restait l'Espagnole Maria Alvarez Ponton et moi. Maria avait un cheval complètement différent, un croisé galopeur. J'ai essayé plusieurs fois dans les six derniers kilomètres de distancer Maria. J'ai lancé le sprint, elle a répondu tout de suite. Là le cheval de Maria est arrivé en botte-à-botte. Elle a accroché dans son mors et elle a filé jusqu'à la ligne d'arrivée. Je pense qu'elle avait autant envie de gagner que moi ! Elle a très bien récupéré, le soir de la course elle était en pleine forme, comme si elle n'avait rien fait.
« Sa plus grande force, c'est son mental »
Quelles sont ses qualités pour l'endurance ?
Galipettes est pleine de qualités. Elle a un très bon cœur, elle récupère très bien, que ce soit à l'entraînement ou en course. Elle est très polyvalente. Aujourd'hui elle gagne sur une course roulante, mais avec des parties très profondes sur lesquelles elle s'en est très bien sortie. Elle est aussi très bonne dans le dénivelé. Je pense que sa plus grande force, c'est son mental. Elle a un mental de gagnante. Dans notre sport, sur la dernière boucle, on le voit les chevaux qui aiment ça et qui ont envie de gagner. C'est notre course mais c'est aussi la leur. Et elle nous a vraiment montré que sur la piste c'était un avion et qu'elle avait de très grandes pointes de vitesse. Et qu'elle le faisait très facilement.
Voilà qui laisse imaginer de belles choses pour la suite. Pourriez-vous nous faire le bilan de cette année 2024 ?
Galipettes n'a que 8 ans, elle fait déjà 160 km à plus de 20 km/h avec quasiment 25 km/h sur la fin, c'est déjà énorme pour une 8 ans. On n'espérait pas tant. Pour elle, ça a été une année plus douce où nous l'avons amenée sur plusieurs compétitions pour la désensibiliser et la faire descendre en pression sans aller chercher la performance. Pour moi aussi l'année 2024 a été un peu différente puisque je travaillais depuis quatre ans et demi à l'organisation des Jeux olympiques. J'ai donc fait cette année ma première course en septembre à la fin des Jeux. Je pense que c'est l'année où j'ai fait le moins de courses mais c'était pour la bonne cause. Ça fait du bien de finir sur cette victoire en 3* sur une année qui était très intense professionnellement.
« L'idée est qu'on se qualifie toutes les deux avec Galipettes »
Quel va être le programme de l'année 2025 ?
Joséphine et moi avons actuellement deux chevaux d'international, Galipettes et Hoelig qui a 7 ans et qu'on qualifie aussi. L'idée est qu'on se qualifie toutes les deux avec les deux selon les règles de la FEI. J'ai eu ma qualification 3* avec Galipettes donc Joséphine va courir avec elle en début de saison pour elle aussi avoir sa qualification. On espère, pas forcément l'année prochaine parce qu'il reste encore du travail, mais viser les championnats du monde en 2026 à AlUla si tout se passe bien pour elle.
L'idée est donc de faire une année 2025 avec beaucoup de repos, parce qu'elle a beaucoup travaillé cette année et qu'on la reprenne courant de la saison pour la refaire performer en 160 km. En parallèle on a Hoelig à qualifier sur 120 km pour le moment. Je monte aussi les chevaux de Pierre et Louna, qui ont soit des chevaux en valorisation, soit des chevaux qui appartiennent au Barheïn ou aux Emirats. Je monte donc certains de ses chevaux sur des courses internationales pour les qualifier ou les faire performer.