Une saison Imoca sans précédent
12/20/2023 10:16 AM
© Charles Drapeau
" data-medium-file="https://i0.wp.com/www.adonnante.com/media/2023/02/course-au-large-imoca-the-ocean-race-2023-guyot-environnement-charles-drapeau-ado0053.jpg?fit=300%2C200&ssl=1" data-large-file="https://i0.wp.com/www.adonnante.com/media/2023/02/course-au-large-imoca-the-ocean-race-2023-guyot-environnement-charles-drapeau-ado0053.jpg?fit=960%2C640&ssl=1" />Quelle saison ! Du départ de The Ocean Race en janvier à l'arrivée du Retour à La Base en décembre, le Championnat IMOCA Globe Series 2023 a mis en scène 120 navigateurs et navigatrices, issus de 16 pays, qui se sont affrontés sur sur un nombre de courses record cette année.
Onze mois d'une série palpitante, offrant gloire et déchirement, révélant des talents et renforçant des légendes. Dans un décor magnifique, couvrant des plages du Cap Vert à celles de la Martinique ; des neiges de la Terre de Feu à la furie du Golfe de Gascogne, les monocoques IMOCA ont pris toute l'énergie des éléments et battu des records.
Après la première édition de The Ocean Race ouverte à la Classe, l’image la plus marquante de cette année reste peut-être celle du départ spectaculaire de la Transat Jacques Vabre – Normandie Le Havre. En effet, il aura fallu attendre neuf longs jours que la tempête Ciarán passe sur le nord de l’Europe pour que les skippers IMOCA puissent s'élancer. Avec une participation inédite de 40 bateaux, la flotte a assuré le show le long de la côte normande, par une lumineuse matinée de novembre.
UN TOUR DU MONDE POUR COMMENCER
L'année a débuté par le départ d'Alicante des cinq premières équipes IMOCA de l’histoire à participer à The Ocean Race. Les observateurs se demandaient si ces bateaux étaient adaptés aux conditions extrêmes de ces six mois de tour du monde en équipage, avec escales.
Alors il y a eu des échecs et des déceptions, mais lorsque les bateaux ont franchi la ligne d’arrivée à Gênes, beaucoup l'ont reconnu : même avec une petite flotte, les IMOCA de The Ocean Race ont produit une superbe course qui ont passionné des fans du monde entier.
Cette édition comptait notamment la plus longue étape jamais disputée sur The Ocean Race : la fameuse « étape 3 » entre l'Afrique du Sud et Itajaí au Brésil, un tour de l'Antarctique de plus de 30 jours, par les trois caps. Le 25 mai, nous avons aussi assisté à l'établissement d'un nouveau record absolu de distance parcourue en 24 heures par un monocoque, en équipage, lors de la transat entre Newport (USA) et Aarhus (Danemark). Ce chrono a été réalisé par le team Holcim-PRB qui a couvert 640,48 milles, soit la distance Paris-Alicante à vol d'oiseau, à la vitesse moyenne de 26,78 nœuds. Le lendemain, Team Malizia parcourait 640,70 milles, une performance tout aussi impressionnante même si un peu juste pour être ratifiée par le WSSRC (un mille révolu est nécessaire).
The Ocean Race fut remportée par l’équipe américaine 11th Hour Racing Team de Charlie Enright – la seule équipe IMOCA basée aux Etats-Unis. La course a vu la participation d’une large cohorte de marins, français et internationaux, au sein de laquelle des stars de la Classe ont aussi fait leur apparition, comme Sam Davies, Charlie Dalin, Yoann Richomme, Damien Seguin ou encore Franck Cammas. Nous avons également bénéficié pour la première fois du travail des On Board Reporters (OBR), qui ont fait entrer les histoires des IMOCA dans nos vies et sur nos écrans comme jamais auparavant.
UNE ENTRÉE DE SAISON SPECTACULAIRE EN FRANCE
En France, c'est aussi l'effervescence à Brest pour la Guyader Bermudes 1000 Race et une journée de runs mémorables dans la rade. Cette journée fut suivie d'un parcours au large, couru en double et particulièrement disputé. Cette entrée de saison a vu des débuts concluants pour deux nouveaux foilers ayant gagné des courses, à peine mis à l'eau : For People (Finot Conq-Koch) skippé par Thomas Ruyant et Morgan Lagravière, qui a remporté la Guyader Bermudes 1000 Race et MACIF Santé Prévoyance (Verdier), qui s'est imposé sur la Rolex Fastnet Race aux mains de Charlie Dalin et Pascal Bidégorry. En septembre, c'est au tour du duo Jérémie Beyou et Franck Cammas d'emporter les 48 heures du Défi Azimut, à bord d'un Charal de plus en plus performant, notamment au près…
ROUTE NORD VS ROUTE SUD
Le suspense fut ensuite à son comble sur la Transat Jacques Vabre qui s’est transformée en une épopée passionnante entre les partisans du nord ou du sud. Laquelle des deux options stratégiques s’avérera payante ?
La route nord menée par Justine Mettraux et Julien Villion sur Teamwork, ou le traditionnel parcours dans les alizés d’où sont sortis vainqueurs Thomas Ruyant et Morgan Lagravière ? Il s’agit de la troisième victoire consécutive de Thomas Ruyant sur une transatlantique en IMOCA, sa deuxième sur la Transat Jacques Vabre après son triomphe la saison dernière sur la Route du Rhum – un exploit sans précédent pour un skipper.
La Transat Jacques Vabre a également été le théâtre d’une bataille féroce entre le tandem de Benjamin Ferré et Pierre le Roy sur Monnoyeur-Duo for a Job, celui de Louis Duc et Rémi Aubrun sur Fives Group-Lantana Environnement et de Guirec Soudée et Roland Jourdain sur Freelance.com. Dans l’ensemble, Benjamin Ferré a terminé la saison en tant que meilleur skipper de cette partie de la flotte, après avoir terminé en tête des bateaux dérives sur quatre des cinq courses disputées.
TERMINER EN SOLO
Le retour de la Martinique fut l’occasion de lancer la première édition du Retour à La Base, en solitaire, avec une performance écrasante de Yoann Richomme à la barre d’un Paprec Arkéa apparemment prêt à en découdre. Jérémie Beyou termine deuxième et le Britannique Sam Goodchild complète le podium sur For The Planet, un résultat qui l’a confirmé comme le grand Champion IMOCA 2023.
Thomas Ruyant a, lui, vécu des hauts et des bas sur la route du retour avec un 'ride' à haute vitesse qui lui a permis de battre le record d'Alex Thomson de la meilleure distance parcourue en 24 heures en solitaire en IMOCA avec une performance de 539,94 milles (22,5 nœuds de moyenne). Et, quelques heures plus tard, une série d'avaries contraint le skipper à boucler le parcours au ralenti.
Quant au discret Sam Goodchild, il devient le troisième skipper non français, après Mike Golding et Boris Herrmann, à obtenir ce titre de champion de la catégorie, ce qui le conforte dans son statut de favori pour le Vendée Globe 2024-25, bien qu’il navigue à bord d'un bateau de génération 2019.
Une mention spéciale aussi pour le Retour à La Base à Antoine Cornic, skipper de Human Immobilier qui a terminé la course à la 26ème place malgré une dengue qui l’a affaibli mais pas vaincu. Dans cette catégorie, il faut également saluer Tanguy Le Turquais, skipper de Lazare, qui a été le dernier à terminer la Transat Jacques Vabre après que lui et son co-skipper Félix de Navacelle se soient arrêtés pour des réparations à Lorient suite à une collision qui a endommagé le flanc de Lazare. Tanguy Le Turquais a ensuite terminé le Retour à La Base à une impressionnante 20ème place, malgré un départ 28 heures plus tard que tous les autres, et son « pit-stop » en Martinique qui a duré moins de 10 heures !
2023 a été une excellente saison pour les skippers féminins en IMOCA, notamment pour la Britannique Sam Davies qui, à 49 ans, a connu une année exceptionnelle à bord de son nouveau bateau Initiatives Cœur 4, terminant quatrième du Championnat des IMOCA Globe Series. C’est aussi une bonne année pour Justine Mettraux, navigatrice endurante, inspirée et engagée, qui continue de menacer le podium à bord de Teamwork. Sans oublier Clarisse Crémer qui, après sa maternité, revient avec de belles performances sur L’Occitane En Provence, l’ancien Apivia. A noter aussi les performances de Isabelle Joschke (MACSF) et Pip Hare (Mediallia) sur Retour à La Base ont les deux femmes ont renoué avec bonheur et vitesse avec le solitaire.
À ce sujet, le mot de la fin revient à la nouvelle venue Violette Dorange, qui a réalisé une superbe saison en double sur DeVenir (le bateau de Jean Le Cam lors du Vendée Globe 2020-21) aux côtés de Damien Guillou. Elle a ensuite illuminé le Retour à La Base avec des vidéos embarquées, rappelant les joies de la course au large en solitaire. À 22 ans, elle est la plus jeune navigatrice à avoir traversé l’Atlantique à bord d’un IMOCA et, à 23 ans, elle sera la plus jeune à tenter le Vendée Globe.
LE CAP CARBONE, UNE DÉCISION MAJEURE
A terre, la Classe a aussi franchi une étape importante cette année en termes de transition. En 2023, l’IMOCA est devenue la première classe de course au large à voter la mise en œuvre d’un plafond d'émission de carbone dans ses activités de construction – ou Cap Carbone -, ce qui constitue une avancée majeure. Tandis qu’en coulisses, le travail sur la mesure de l’impact environnemental de la construction des nouveaux bateaux, et l’effort collectif pour produire les « Green Sail » en partenariat avec les professionnels du secteur, portent leurs fruits.
En mer, le programme scientifique, en partenariat avec le CIO-Unesco, a permis de collecter des données précieuses pendant les courses. Enfin, le « Hazard Button », qui permet aux marins de signaler les rencontres avec des mammifères, a été lancé sur les deux courses transatlantiques de fin d’année.
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