Yannis Morin (Akita Northern Happinets) nous raconte son expérience au Japon

A 31 ans, Yannis Morinl'ancien joueur de Cholet évolue désormais au Japon aux Akita Northern Happinets. Il nous raconte son quotidien au pays du Soleil Levant. 

Comment ça se passe pour vous au Japon ?

Bien. Ma femme et moi sommes très bien installés. Nous nous sentons très bien. C'est une très belle aventure. Il y a beaucoup de choses à apprendre. 

Comment s'est faite votre arrivée à Akita, un club du nord du Japon ? 

Akita m'a contacté dès la fin du championnat de France. Avant même que j'aille en Espagne (à Murcie, Ndlr). Le coach (Kenzo Maeda, Ndlr) a eu un coup de cœur pour moi. Il a vraiment insisté. J'ai beaucoup apprécié et été touché. C'est une des raisons pour laquelle j'ai décidé de venir au Japon. J'ai également toujours rêvé d'aller dans ce pays, ne serait-ce que pour le visiter. Toutes les planètes étaient alignées pour que je vienne ici. C'est un excellent choix. 

Comment avez-vous été accueilli ? 

L'accueil a été le plus incroyable que j'ai reçu durant toute ma carrière. Les fans en ville m'ont reconnu. Le staff nous a aussi beaucoup aidés à nous installer. Cette serviabilité est une qualité majeure au Japon. Il faut savoir en être reconnaissant.

À LIRE AUSSI : toute l’actualité du basket dans votre mag

Yannis Morin surpris par l’accueil triomphant

Mais pourquoi ce choix sportif alors que pas mal d'équipes européennes vous suivaient ?

La ligue japonaise n'autorise que trois joueurs étrangers maximum par équipe. Plus un Asiatique. Quand j'étais à Cholet, j'avais déjà entendu parler de ce championnat présenté comme étant une ligue recrutant beaucoup de joueurs à l'intérieur. Cela donne un rôle très important dans une équipe comme point de fixation.

Beaucoup de gens m'avaient fait la réflexion que ce championnat m'irait bien dans la mesure où je pourrais développer mon basket et bien progresser. Mon attirance pour ce pays et cette donnée m'ont conduit ici. Je remercie également ma femme qui m'a poussé à être meilleur. Elle a fait en sorte que je m'ouvre davantage. Cela a aussi beaucoup contribué au fait que je vienne ici. Mon agent (Louis Trohel, Ndlr) a également fait un travail incroyable. 

C'est quoi une journée d'entraînement type ?

Ici, c'est très spécifique. Il y a deux matchs par week-end en jouant back to back le vendredi et le samedi. Il y a donc beaucoup plus de jours off à la suite comme le lundi et le mardi. Mercredi, jeudi, c'est entraînement. C'est un entraînement par jour.

Cela comprend les soins médicaux, la musculation et l'entraînement. Si mon entraînement est à 14 heures, je pars pour midi à la salle. Je rentre chez moi vers 17 heures. Cela représente en gros une demi-journée d'entraînement. Cela ressemble beaucoup au système américain. On fait tout d'un coup au lieu de mettre deux entraînements dans la journée. 

« Cela ressemble beaucoup au système américain »

Comment caractériser ce championnat japonais, que vaut-il ?

C'est beaucoup plus physique que ce que j'ai connu en Europe. Même en Espagne quand j'ai joué Madrid. L'intensité ici est énorme. Les joueurs japonais courent énormément. Le jeu va très vite. Les montées de balle sont incessantes. Des intérieurs ici de 130, 140 kg sont très imposants. Ils jouent très physique. Les arbitres tolèrent aussi beaucoup plus le contact. Il y a des phases de jeu très rapidement sifflées en Europe qui ne le sont pas ici. Du coup, il faut s'imposer avec son physique pour prendre l'avantage. 

Vous avez donc dû vous adapter. 

Absolument. Cela m'a pris plusieurs semaines. J'ai l'habitude de pratiquer un basket un peu fuyant et basé sur ma technique. Ma mobilité est plutôt un avantage. Alors effectivement j'ai dû m'adapter. Depuis quelques semaines, cela va beaucoup mieux. Je peux encore m'améliorer. Cela fait pratiquer un basket différent, fait réfléchir et se remettre en question. Cela m'aide à devenir meilleur en ayant un rôle plus important aussi. 

Comment évolue le basket japonais ? 

L'adresse ici est au centre des choses. On travaille énormément ce secteur. Il y a beaucoup de shooteurs à plus de 40%. Leur déficit de taille est également compensé par l'intensité, la rivalité et donc l'adresse. Physiquement, ils comptent beaucoup sur leurs joueurs étrangers pour faire ce qu'ils ne peuvent pas.

« Le basket, 3ème sport au Japon »

Plus globalement, comment le basket est considéré dans ce pays ? 

Au Japon, le basket est le 3ème sport derrière le baseball et le football. C'est devant le rugby. Le championnat japonais est une ligue de plus en plus suivie. Elle se développe à très grande vitesse. Dans certains quartiers de certaines villes où beaucoup de gens passent, il y a de grandes affiches sur les écrans, promouvant les équipes locales. La B League est en gros développement. Ils veulent la rendre encore plus élitiste.

A terme, ils vont vouloir un peu copier la NBA. Ils vont augmenter le nombre d'étrangers. Cela va faire accroître le niveau. Année après année, ce championnat va prendre de l'épaisseur. Cela devient quelque chose de sérieux. Ils veulent concurrencer l'Europe. Ils sont bien partis pour. L'attractivité est de plus en plus forte. Les agents viennent de plus en plus à eux pour présenter des joueurs. Qu'il y ait pas mal d'anciens joueurs d'Euroligue ou de NBA n'est pas anodin. 

De plus en plus de Français pourraient-ils avoir envie de suivre votre exemple ?

Avec l'arrivée de Damien (Inglis des Yokohama B-Corsairs, Ndlr) et moi-même, cela ouvre une vraie porte. Des joueurs français, d'anciens coéquipiers me posent pas mal de questions. Ils essaient de voir comment cela se passe. Peut-être ils se disent pourquoi pas…

Yannis Morin et le Japon, un mariage parfait

Et le public japonais, comment se comporte-t-il ?

C'est vraiment très différent de ce qu'on a l'habitude de voir. Le public est très, très lié à son équipe. Cela va même jusqu'à la décoration de leur voiture. Un autre exemple. Chez nous, notre couleur de maillot est rose. Il y a entre 4500 et 5000 places dans notre salle. 90% de la salle est rose à tous les matchs. Les fans sont aussi à fond dans ce qui est goodies. Ils suivent aussi beaucoup les directives du speaker. Ils supportent énormément et respectent beaucoup. 

Quel souvenir vous reste-t-il de votre expérience aux Etats-Unis et est-ce un regret de ne pas vous y être implanté ? 

Aujourd'hui, ce n'est pas un regret. Mais il y a peut-être cette petite frustration de ne pas être resté plus. Cela reste un rêve de jouer en NBA. On se remet toujours en question par rapport à ce qu'on aurait pu faire de mieux. J'aurais aimé faire plus. Cependant, je veux garder le côté positif de cette expérience. 

A 31 ans, quel est votre prochain grand défi ; jouer en Euroligue ?

Je ne sais pas trop. J'ai signé ici pour un an. Aujourd'hui, je me sens bien au Japon. A voir si je vais rester. Je vis saison après saison. Je vise un titre avec mon équipe. Si cela se passe bien ici, pourquoi pas ne pas rester. Avant de penser à l'Euroligue, je pense déjà à mon bien-être. 

Qu'en est-il de votre niveau de japonais ?

Ma femme et moi prenons des cours. On dit parfois que pour un Français il faut cinq ans pour bien maîtriser cette langue. On apprend…

À LIRE AUSSI : les Ultras, au basket aussi

L'article Yannis Morin (Akita Northern Happinets) nous raconte son expérience au Japon est apparu en premier sur Le Quotidien du Sport.

×