Rudy Gobert : « Mon cœur est toujours avec l'équipe de France »

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PAR HUGO LE VAY, A SAN ANTONIO

Après la victoire des Timberwolves du Minnesota sur le parquet des Spurs de Victor Wembanyama (106-92), nous avons pu échanger avec Rudy Gobert. Le quadruple défenseur de l'année en NBA s'est confié sur l'explosion du basket français en NBA, l'équipe de France et sa relation avec Vincent Collet. 

Il a cette saison énormément de Français en NBA. Que pensez-vous du succès du basket français ici, aux États-Unis ?

C'est incroyable. Je l'ai déjà dit, mais tout le crédit revient à la formation française. À tous les coaches et toutes les personnes qui ont dédié leur vie pour aider les jeunes à réaliser leur rêve de jouer en NBA. Beaucoup de crédit aussi à tous ceux qui ont ouvert la voie, la première génération, avec Tony Parker, Boris Diaw et tous les gars qui ont montré aux Américains et à la NBA qu'ils pouvaient dominer dans cette ligue. Maintenant, nous avons des jeunes qui n'ont plus peur de rêver de NBA.

Quand vous étiez petit, auriez-vous imaginé qu'un jour, le premier choix de la draft NBA serait français, puis une nouvelle fois l'année suivante (Victor Wembanyama et Zaccharie Risacher) ?

Quand je suis arrivé en NBA, être drafté au premier tour était déjà incroyable. Mais quand on voit le niveau de talent que nous avons en France, le niveau d'athlétisme, et la compréhension du jeu à l'européenne, c'est presque normal. C'est bien que désormais, la ligue et les équipes réalisent que le jeu est global, peu importe qu'il vienne de France, d'Europe, ou d'ailleurs dans le monde. C'est génial. Et puis aujourd'hui, les jeunes peuvent se dire « je veux jouer en NBA », et c'est une chose presque normale. Alors que ma génération, c'était un peu fou et invraisemblable de dire qu'on rêvait de NBA. Les gens me regardaient un peu comme un fou. Donc je crois que chaque génération inspire la suivante.

« L'Euro ? ça va dépendre de beaucoup de choses, surtout de la santé »

Qu'est-ce qui explique que tous ces jeunes Français arrivent en NBA ?

Je crois qu'on est vraiment unique, parce qu'on a un mélange de différentes cultures. Des Antilles par exemple. Mon père est originaire de la Martinique. On a ce mélange de cultures en France, et on a des jeunes qui sont très athlétiques. Ça aide pour jouer à un très haut niveau.

Il y a l'Euro cet été avec l'équipe de France. Est-ce que vous-savez déjà si vous allez jouer ?

Mon cœur est toujours avec l'équipe de France. Maintenant, ça va dépendre de beaucoup de choses, surtout de la santé. Et de comment je me sens à la fin de la saison. Le cœur est toujours là, mais c'est vrai que je n'ai plus 22 ans. Si je viens, c'est important que ce que je puisse être à fond et que et que je puisse être moi. J'ai enchaîné pas mal ces dernières années, donc on verra.

Avez-vous pu échanger avec Frédéric Fauthoux, le nouveau sélectionneur de l'équipe de France ?

Je n'ai pas encore échangé avec lui. J'ai vu ce qu'il avait fait pendant les dernières fenêtres. Il est en train de mettre en place la culture qu'il veut. On va échanger bientôt.

Lors des derniers Jeux Olympiques, vous n'avez pas beaucoup joué lors des phases finales. Qu'est-ce que cela vous a appris ?

J'étais surtout fier de mes coéquipiers. J'ai vraiment essayé de donner tout ce que j'avais pour l'équipe, sur le terrain bien sûr, mais surtout en tant que leader en dehors du terrain. Si j'avais été plus jeune, j'aurais peut-être pris les choses avec un peu plus d'ego. Tandis que là, j'étais fier d'avoir pu aider l'équipe de différentes manières. J'ai été blessé au doigt. Je ne vais pas vous mentir, avec sept points de suture sur le doigt et après avoir eu une anesthésie de tout le bras quelques jours plus tôt, c'était compliqué. Je suis sûr que j'aurais pu plus aider l'équipe sur le terrain, surtout pendant la finale où mon doigt allait un petit peu mieux. C'est mon plus grand regret de ne pas avoir eu la chance de rentrer sur le terrain dans le quatrième quart-temps. Mais bon, on ne saura jamais. On apprend, on continue. Et de toute façon, les choses qui sont hors de mon contrôle, je ne peux pas trop m'attarder dessus.

« J'ai énormément de bons souvenirs avec Vincent Collet »

Regrettez-vous encore cette finale perdue contre les États-Unis ?

C'est surtout que je rêve de médaille d'or, et je suis un compétiteur. J'ai rêvé de ce match depuis que je suis tout petit. Regarder le quatrième quart-temps depuis le banc, alors que c'était le match de mes rêves… On avait battu les États-Unis, pour la première fois de l'histoire en 2019. J'étais sur le terrain. Là, c'était frustrant de ne pas l'être. Mais encore une fois, ce sont les choix du coach et je les respecte. On ne peut pas refaire le monde. On peut seulement continuer d'avancer et continuer de progresser.

Quels souvenirs gardez-vous de Vincent Collet, vous qui avez tout connu avec lui en équipe de France ?

J'ai énormément de bons souvenirs avec lui. Il ne faut pas seulement retenir la dernière note. Il m'a donné une chance quand j'avais 22 ans. C'était contre les frères Gasol, alors que peu de gens m'auraient donné une chance. On a quand même renversé pas mal de tendances ensemble. Jusqu'à cette finale contre les États-Unis, il m'avait toujours fait confiance dans les moments difficiles. Il ne faut pas oublier ça. Il ne faut pas oublier les beaux souvenirs. Il a toujours été là pour essayer de m'aider à progresser, pour me coacher. Et donc pour ça, je suis quand même reconnaissant.

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