Elevage de B'Neville, la passion du selle français

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L'élevage est affaire de chevaux certes mais aussi d'hommes et Jean-Baptiste Thiébot, créateur de l'élevage de B'Neville, est un éleveur comme on n'en croise plus guère. Plusieurs produits portant son affixe ont brillé au plus haut niveau. Rencontre en une Manche.

Par d'étroites routes sinueuses bordées de haies vives nous parvenons au lieu-dit La Maison aux grands bâtiments en pierres granitiques sombres. Quittant la patte d'oie, nous entrons dans la cour bordée par la maison d'habitation et trois granges dont l'une abrite quelques boxes. Le maître des lieux nous accueille, courtois mais sans effusion, le Manchot est, au premier abord, un taiseux.

Le cadre est dans son jus, authentique, à l'image de notre hôte qui est aux antipodes d'un « m'as-tu vu ». Rien ici n'est formaté, marketé. Un échange à bâtons rompus s'entame avec notre hôte tantôt mains dans le dos, tantôt croisées sur la poitrine et le regard orienté vers la terre où Jean-Baptiste Thiébot a les deux pieds bien ancrés. Cette terre de bocage de la presqu'île du Cotentin où il fait naître des chevaux depuis plus de quarante ans.

« Une bonne famille est celle qui a donné plein de bons chevaux »

À l'arrière de la grange faisant face à la maison, une extension en parpaings abrite des boxes de poulinage séparés par un large couloir central, perpendiculaire à celui menant au manège et au marcheur puis, au fond, à une grande carrière. Dans l'un de ces boxes se trouve le dernier-né. Nous sommes alors début juillet. « La mère est un peu possessive. » En effet, en entrouvrant la porte coulissante, la fébrilité de Hiéna de B'Neville, la poulinière, est palpable mais elle reste très gentille, la silhouette familière de Jean-Baptiste finit de la rassurer complètement.

Hiéna a pour mère Nuance de B'Neville et pour grand-mère Vigie de B'Neville, l'unique pouliche de Nuance V, par Feu Sacré. « Je l'ai achetée il y a trente-cinq ans à la foire de Lessay, à une époque où l'on trouvait de très beaux poulains. Elle est née chez Albert Durand, un petit éleveur de la région de Saint-Lô. » Hiéna a pour demi-frère Droit de B'Neville : « Le meilleur cheval que j'ai élevé de ma vie. Pour moi, une bonne famille, ce n'est pas celle dont est sorti un grand champion, mais celle qui a donné plein de bons chevaux sans être des cracks. » À cette souche s'ajoutent deux héritées de son oncle.

Aurore de B'Neville, une poulinière suitée, occupe le box voisin. Sa pouliche sera une O, mais elle n'a pas encore de nom. À La Maison, on attribue les noms le plus souvent de manière collégiale. À partir d'une liste préétablie, chacun indique les noms qui lui plaisent, et Jean-Baptiste tranche. « J'aime bien l'orthographe française, cacahuète ce n'est pas avec un K ou un Q, mais un C. » C'est dit !

Entre bocage et marais

Sur les 80 hectares, entre pleine propriété et fermages, dont dispose Jean-Baptiste Thiébot, les juments et poulains jouissent de 72 hectares de prairies. « Le reste, je cultive de l'orge et de l'avoine que je récolte pour nourrir les chevaux. » Cependant, du début juin jusqu'à la fin novembre, voire Noël, si la météo est clémente, l'éleveur fait aussi pâturer chaque année quarante jeunes de 1 à 4 ans, à 15 kilomètres de chez lui, ce qui lui permet de préserver ses herbages et de faire plus de récoltes de foin.

Il profite d'un usage local dont l'origine remonte au Moyen Âge. « C'est le même système que les estives dans les Alpes ou les Pyrénées, ici, on l'appelle la « mise aux marais », moyennant le paiement de droits de marais (loyers, NDLR). » Ces prairies sont inondées durant l'hiver par les rivières en crue, et non pas par les marées, puis, lorsqu'arrive la période d'avril-mai, l'eau se retire et la bonne herbe pousse.

Découvrez la suite de notre reportage chez Jean-Baptiste Thiébot dans le numéro 633 de Cheval magazine. Ce numéro est à retrouver en kiosque et sur notre boutique en ligne.

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