Test exclusif du Scott Addict RC Ultimate : le vélo de série à 5,9 kg

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Le précédent Addict datait de 2019 et cette nouvelle mouture se faisait désirer. Contrairement à de nombreux concurrents, Scott conserve ce modèle polyvalent et léger aux côtés du Foil, le vélo aéro par excellence. Et pour le coup, la différence est marquée avec un cadre à moins de 600 g et une machine sous les 6 kg. Ces gains impressionnants ont été obtenus grâce à de nouveaux procédés industriels dont voici les détails.Et nous l’avons testé en exclusivité.

Par souci de simplicité ou d'économies (en termes industriels), ou les deux, beaucoup de marques ne proposent aujourd'hui qu'un seul modèle dans leur segment compétition. La demande vient notamment des coureurs professionnels, avides de données aérodynamiques, donc férus de machines dédiées, et également très intéressés par le gain de poids. Ils préfèrent aussi rouler sur un seul et unique vélo toute l'année.

Depuis quelques saisons, grâce à la progression des fibres de carbone (plus légères et plus rigides), les produits aéros ont gagné en masse et passent pour certains sous les 7 kg. De fait, certains constructeurs ne présentent plus qu'un seul modèle destiné à la compétition. On peut citer cette année le Trek Madone SLR, le Lapierre Xelius DRS, Specialized, entre autres, qui depuis le Tarmac SL7 en 2020 a écourté la carrière du Venge. Voilà pour la tendance.

Le Foil pour l’aéro, l’Addict pour la polyvalence

Mais Scott reste dans le groupe des fabricants affichant deux modèles au catalogue (le cadre Foil seul pèse environ 900 g). À l'instar de Canyon par exemple (l'Aeroad a été renouvelé en juillet). Pour ce nouvel Addict, la firme suisse a souhaité conserver la même philosophie et développer un produit très léger, comme à l'époque, quand ce vélo était le premier à passer sous les 6 kg mais en freinage sur jante.

Proposer la même masse avec un système à disques relève toujours de la performance aujourd'hui, mais comme nous l'avons précisé plus haut, la progression des fibres de carbone et des procédés de fabrication permet dorénavant d'obtenir des châssis incroyablement légers, tout en étant bien sûr sécuritaires. Terminé les cadres légers et « flottants » dans les descentes. Maintenant, ces châssis sont light et rigides.

On peut citer notamment dans la catégorie l'Orbea Orca, annoncé à 764 g et sorti l'an dernier, ou le Factor O2 VAM à 730 g. 100 g d'écart une nouvelle fois. 100 petits grammes mais qui doivent absolument être convertis en pourcentage. À la différence d'un cadre de 1 kg, on gagne pour l'Addict 40 %. C'est impressionnant, surtout sur une pièce aussi importante que le cadre. Il y a 30 ans, les premières fourches en carbone pesaient aux alentours de 400 grammes… Si l'on ajoute la masse gagnée sur de nombreuses roues haut de gamme du marché (1 290 grammes ici pour les roues Syncros capital), le deuxième élément le plus crucial sur un vélo, qui passent allégrement sous la barre du 1,4 kg, en se référant à des standards à environ 1,5 kg, le pourcentage augmente notablement.

Toujours dans l'esprit light

Mais comment Scott a pu y parvenir ? Voici son nouveau procédé industriel. À la sortie du premier Addict en 2008, le fabricant avait déjà donné le la à son vélo destiné à la performance : un faible poids. Mais cette machine, utilisée notamment par Mark Cavendish, faisait aussi partie des produits les plus rigides du marché à l'époque et affichait moins de 7 kg. Le Britannique s'était d'ailleurs imposé au sprint sur les Champs-Élysées pour la première fois en 2009 avec ce vélo.

Après quatre ans de développement, Scott dévoile cette nouvelle mouture. On retrouve la simplicité des précédents modèles. Le style est épuré, dans l'esprit light. Cette fois, il est possible de monter des pneus jusqu'à 34 mm et la géométrie en a donc été légèrement modifiée.

On parle de millimètres et la firme s'est appliquée à reproduire les mêmes points d'appui que le Foil, le modèle aéro. Ainsi, on peut passer de l'un à l'autre sans être (trop) déstabilisé. Côté aéro, les ingénieurs annoncent un gain de 12 W par rapport à la précédente génération. Ceci a été acquis grâce à une réduction de 15 % de la surface frontale du vélo (douille de direction, nouveaux guidon et forme des fourreaux de fourche entre autres).

Un cadre à moins de 600 grammes

Le poids est au cœur des discussions une nouvelle fois ici. La performance, c'est être sous les 600 g pour le châssis (270 g la fourche) et les 6 kg pour le vélo complet en top de gamme (vous pouvez retrouver le détails des poids des éléments ci-dessous). On est dans l'ultraléger. Pour réussir cette prouesse, la marque a revu ses méthodes de R & D et utilisé de nouveaux matériaux et de nouvelles résines (composées de graphène notamment).

Le procédé de moulage a également changé. Un mandrin en PTFE gonflable aux formes exactes du cadre (recyclable précise la marque) est utilisé pour réunir les couches de carbone. Ces dernières sont issues d'un mélange de fibres haut de gamme Torayca. Scott désigne cette composition HMX SL, son plus haut niveau dans la gamme (les autres Addict RC sont en fibre HMX et à 650 g le cadre et 295 g la fourche). Tout est simulé en amont par ordinateur jusqu'au dernier moment. Le moule qui accueillera la matière première est fabriqué tout à la fin. « La progression du travail sur ordinateur permet de taper dans le mille à la 2e itération, expliquent les ingénieurs. Ensuite, nous affinons alors qu'il fallait réaliser 5 à 6 itérations avant ».

Plus de simulation, moins d'itérations

Avec ce mandrin, il est aussi possible de déterminer immédiatement les formes de tubes. Comme le profil Naca du diagonal. On gagne ainsi en temps et surtout on place la matière et sa quantité de manière beaucoup plus précise tout en minimisant les « déchets » à l'intérieur des tubes. C'est grâce à ce procédé qu'il a été possible de descendre sous les 600 g. En termes de construction, le châssis est d'abord réalisé par sa partie avant et les haubans sont ajoutés, comme à l'accoutumée.

Les zones de raccords ont été optimisées, tout comme le nombre de couches de composite (via la technologie 3D) qui s'élève à 200 pour un seul cadre. Sur ce point, certaines couches sont continues du tube diagonal à la boîte de pédalier. Habituellement, le matériau est arrêté avant cette dernière. On gagne donc encore une fois en poids et en rigidité. Au centre des tubes, l'épaisseur de ces derniers peut atteindre 0,6 mm.

Une géométrie très légèrement modifiée

Toujours pour le développement, Scott use de plus en plus de l'impression 3D pour créer ses prototypes. Une manière de gagner un temps précieux en simulant directement les itérations de cadres nécessaires à l'étude et ainsi éviter la fabrication de nombreux prototypes (ceux qui ne sont pas testés sur la route).

La géométrie a été légèrement modifiée par rapport à la précédente génération. Principalement sur le stack, le reach et la hauteur de boîte de pédalier. Le tout pour accepter les pneus jusqu'à 34 mm. Nous avons d'ailleurs réussi à tester l'Addict avec des Pirelli P Zero en 35 mm et il restait encore un peu de place. Tout est une question de ballon. Le rake (déport de fourche ou offset) a été légèrement changé également.

Le vélo dispose d'un peu plus d'empattement à l'avant (2 mm) alors que la longueur des bases a, elle, été conservée (410 mm). Toutefois, et ce pour satisfaire les coureurs pros désirant changer de vélo à tout moment, les trois points de contact (selle, guidon et boîte de pédalier) sont identiques sur l'Addict et le Foil. En clair, on peut reporter ses cotes d'une machine à l'autre sans perte de repères.

Des détails et des astuces

Côté détails, on note que Scott est resté fidèle au Pressfit pour la boîte de pédalier (BB86) et que le cadre accepte les nouveaux ancrages Full Mount pour le dérailleur arrière. À ce niveau, le constructeur a d'ailleurs placé un nouvel axe traversant. Conique, il permet un meilleur centrage de la roue arrière. Le jeu de direction, lui, est identique à celui du Foil.

À l'instar du vélo aéro de la marque, l'Addict se dote également d'une lumière arrière intelligente sur sa tige de selle. Elle n'est pas présente sur les modèles très haut de gamme. Comme pour le Foil, l'évidement dans la tige apporte un flex supplémentaire non-négligeable pour le confort passif.

Toute la visserie (guidon et selle) demande l'utilisation d'une clé Torx 45. Avec la clé Allen de 5 mm en plus pour les axes traversants, Scott a installé un astucieux petit outil dans le guidon. Il est maintenu par un loquet et ne bouge pas. Il est insensible aux vibrations grâce à un petit joint.

Le combo Syncros Creston dispose d'un très léger flare (évasement) qui donne un 41 cm de large en bas pour 38 au niveau des leviers. Le reach a d'ailleurs été légèrement augmenté pour approcher les doigts des leviers de frein. Comble du luxe et du style, Scott développe aussi un support de compteur dédié. Il est en magnésium et titane et il est surtout imprimé en 3D (12,6 g)

Tout est orienté pour le light et nous allons le voir dans notre essai, cette donnée est complétée par de très bonnes valeurs en termes de rigidité. De quoi créer l'alchimie parfaite sur la route ?

Faut-il lester le nouvel Addict ?

La réglementation UCI est claire. Pour la participation à une épreuve sous l'égide des instances, le vélo ne doit pas peser moins de 6,8 kg. Ici, sur le modèle haut de gamme, nous sommes à 5,9 kg sans les pédales. On peut ajouter 300 g environ avec ces dernières, mais Quid des 600 g restants ? En retournant le vélo dans tous les sens, nous n'avons pas trouvé d'autre solution que de fixer des poids à différents endroits du cadre et surtout aux alentours de la boîte de pédalier pour ne pas déséquilibrer le vélo.
On peut par exemple scotcher des petites pièces de plomb (que l'on peut trouver en quincaillerie). L'emploi de porte-bidons plus lourds est aussi possible mais ces derniers n'atteindront pas 600 g de différence. Toutefois, même si la règle doit être appliquée, il est extrêmement rare de constater des contrôles sur les épreuves amateurs.

La gamme Scott Addict RC 2025

ModèleCadreComposantsGroupePoids annoncéPrix
Addict RC 30Carbone Addict RC HMXRoues Syncros Capital 1.0 40 mm. Cintre et potence SyncrosShimano 105 Di27,7 kg4 999 €
Addict RC 20Carbone Addict RC HMXRoues Syncros Capital 1.0 40 mm. Cintre et potence SyncrosShimano Ultegra Di27,4 kg5 999 €
Addict RC 10Carbone Addict RC HMXRoues Syncros Capital 1.0 S 40 mm. Combo Syncros IC-R100 SLShimano Ultegra Di27,1 kg6 699 €
Addict RC ProCarbone Addict RC HMXRoues Syncros Capital 1.0 S 40 mm. Combo Syncros IC-R100 SLShimano Dura-Ace Di26,5 kg8 699 €
Addict RC UltimateCarbone Addict RC HMX SLRoues Syncros Capital SL 40 mm. Combo Syncros IC-R100 SLSRAM Red AXS5,94 kg (poids vérifié Le Cycle)12 999 €

Essai du Scott Addict RC : une nouvelle addiction

Rouler avec un vélo très léger confère des sensations notables dans les ascensions, c'est indéniable. Mais il est nécessaire de bénéficier d'une certaine alchimie pour être complet sur tous les terrains. Le nouvel Addict remplit-il toutes ces conditions ? Réponse sur la route.

Rouler avec un vélo sous les 6 kg n'est pas une chose commune. Même avant le passage au freinage à disques, peu de vélos convolaient sous cette donnée. Nous sommes ici entrés dans une nouvelle ère et cela pourrait devenir la norme pour nos machines à l'avenir.

Un cadre rigide et sans compromis

La progression des fibres de carbone et des procédés industriels permettent aujourd'hui d'obtenir des châssis légers et rigides. Cela n'a pas toujours été le cas dans le domaine du composite.

L'Addict est pourtant dans cette catégorie et Scott a particulièrement travaillé sur ce critère. C'est réussi. On est au guidon d'un produit très rigide mais qui possède suffisamment de tonus sur l'arrière pour ne pas être « planté ». De plus, d'un point de vue général, les roues Syncros jouent dans la même cour. La déformation du train roulant suit donc parfaitement le mouvement du cadre. En cas de changement de roues, il faudrait donc ne pas trop s'éloigner de cette donnée pour ne pas créer de déséquilibre.

Avec un vélo à 6 kg en main et aussi bien équipé, les sensations sont bien au rendez-vous. On constate également que cet Addict est moins poussif que le précédent. Il n'y a qu'une génération d'écart, mais entre 2019 et aujourd'hui, de nombreux progrès ont été réalisés sur les plates-formes 100 % disques. Le Scott est donc bien dans le peloton, dans l’échappée même.

Idéal pour les parcours cassants

Nous sommes clairement entrés dans une nouvelle dimension qui n'a absolument plus rien à voir avec les vélos en freinage sur jante que nous connaissions. On parle de l'équilibre entre le poids, la rigidité, le confort et la tenue de route. Le tout aidé par les composants, notamment le train roulant ici.

Nous avons testé l'Ultimate dans nos conditions habituelles mais un tour sur le RC Pro (juste en dessous dans la gamme), à un peu moins de 7 kg, nous a aussi permis de constater les valeurs dynamiques du châssis avec des roues plus communes. En attendant un essai complet de ce dernier modèle, nous avons enregistré des prestations de haute volée également pour un vélo très équilibré. Une machine vive dans toutes les conditions et qui possède beaucoup de tenue même si cela ne réformera pas le Foil.

L’Addict gagne en précision de pilotage

On a perdu légèrement en confort sur cette nouvelle génération. Mais attention, sur ce montage, nous roulions avec les nouveaux pneus Schwalbe Aérotan en chambre à air. Nous avons testé l'Addict avec des tubeless de 30 mm et la donne était différente. Nous avons gagné un peu en confort vertical mais cela nous a permis de constater que ce nouveau Scott n'est pas le plus malléable sur ce terrain.

L'enjeu avec un vélo léger, c'est de conserver de la tenue dans les courbes serrées ou non. Surtout lorsqu'on passe à haute vitesse et que la relance est musclée derrière. Ici, pas de problème puisque la rigidité du cadre aide en cela. Mais l'équilibre est fin à trouver pour ne pas rouler sur une « poutre » impossible à manœuvrer. Ici encore, pas de problème ! L'Addict est un rail (dans le bon sens du terme) et vous emmène sur des points précis sans être difficile à diriger. Nous l'avons particulièrement apprécié sur ce point car après avoir pris du plaisir dans les ascensions, nous nous sommes régalés dans les descentes.

Le nouveau combo Syncros IC R100 SL fait partie des meilleurs éléments du marché et se marie parfaitement à l'Addict. Cependant, l'inconvénient d'un guidon intégré demeure toujours dans les possibilités de réglage restreintes. On ne peut orienter le cintre. Cela peut être compensé avec une largesse pour le positionnement des leviers mais c'est limité ici en raison de la forme du cintre au-dessus de ces derniers. dans le « virage » sur les côtés. Cette donnée est plus prononcée que certains modèles concurrents et oblige à placer le levier uniquement dans l’alignement, comme sur le Foil.

Rapport qualité/prix

Le RC Ultimate est le fleuron de la gamme. Nous sommes dans la catégorie des hyperbikes, mais même à ce prix, il est bon de constater que le Scott ne suit pas une certaine inflation. On reste 1 000, voire 2 000 € ou davantage, en dessous de certains modèles concurrents. Si l'on corrobore avec la finition et le niveau technologique de l'ensemble (cadre et train roulant), le rapport s'avère très bon.

L’avis du Cycle : léger, rigide, nerveux, aérien et joueur !

Selon les responsables de la marque, le placement d'un plateau de 46 dents sur le modèle Ultimate, notre vélo d'essai, a été motivé par l'orientation de ce modèle : la montagne et le cyclosport. C'est pour cette raison que nous enlevons quelques points à ce modèle pour son utilisation en compétition. Pour récupérer sa note et pour contenter le coureur, le montage d'une combinaison en 50/37 ou 52/39 (voir davantage) chez SRAM s'imposera.

C'est un point de détail dans notre test car pour le reste, cette nouvelle version de l'Addict est très réussie. Avec cet Ultimate, nous sommes dans l'exception, tant au niveau du châssis que du montage. Mais l'essai du Pro nous a aussi démontré les capacités de ce nouveau Scott à venir bousculer les codes sur le marché de la compétition.

En clair, monter un vélo à disques à moins de 7 kg dans le milieu/haut de gamme est désormais clairement possible. En revanche, pour notre machine d'essai, cela pourra poser des problèmes aux coureurs licenciés, nous en avons parlé précédemment. Ils vont être obligés de lester la machine ou de changer radicalement certaines pièces. Une broutille une nouvelle fois puisque tous les autres pourront bénéficier d'un modèle ultralight, réactif, nerveux et rigide à souhait.

Une alchimie presque parfaite si l'on y ajoute sa tenue de route dans les courbes et les descentes. Si le châssis n'est pour le moment pas disponible seul, le tarif, lui, reste compétitif sur un marché très concurrentiel et c'est tant mieux.

Scott toujours en WorldTour en 2025 ?

Selon nos informations, la firme helvétique pourrait ne pas poursuivre avec le team dsm-firmenich PostNL de Romain Bardet. L'équipe, quant à elle, pourrait se rapprocher d'une marque française, absente du WorldTour depuis un an depuis son retrait avec la Groupama-FDJ : Lapierre.

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